Une course contre la montre

 
 

Les virus évoluent sans cesse par trois mécanismes :

  1. Des mutations de gènes codant pour des protéines de surface provoquent des modifications mineures du virus. Le nouveau variant reste très proche du précédent, si bien que les vaccins existants sont efficaces l’immunité conférée par une grippe contractée précédemment protégera contre lui.
  2. Une accumulation des modifications aboutit à une reconnaissance de plus en plus imparfaite du nouveau virus par les systèmes immunitaires ayant rencontré ces virus dans le passé voire à une méconnaissance totale. Ce phénomène impose le changement des souches vaccinales plus ou moins régulièrement.
  3. Un transit d’une souche provenant d’un réservoir animal, par l’homme puis par un autre réservoir animal par exemple (de l’oiseau à l’homme puis au porc et retour à l’homme par exemple), induisant une recombinaison ou un autre changement radical du virus le rendant contagieux d’homme à homme.
Jusqu’à aujourd’hui, heureusement, l’aspect progressif des mutations explique que la plupart des épidémies sont souvent mineures ou de moyenne importance.

La mise sur le marché d’un vaccin comme de n’importe quel médicament est de l’ordre de 10 ans, voire plus. La réglementation est nécessaire mais trop longue pour réagir aussi vite qu’un virus !

Des souches résistantes aux substances antivirales autres que les vaccins apparaissent très vite aussi.

Le vaccin antigrippal classique contient trois souches virales (A(H1N1), A(H3N2), A(H3N2) et une souche B.

Chaque année une ou plusieurs de ces souches sont changées pour suivre les nouvelles recommandations et ce n’est qu’une adaptation de l’autorisation de mise sur le marché de l’année précédente.

Mais pour la souche A(H5N1), ce virus pandémique dans les population d’oiseaux en Asie il faut une dossier complet et ça sera très long…

Or aucun vaccin n’était envisagé car pour l’instant il ne se transmet que d’oiseau à homme et pas d’homme à homme, mais comme on l’a vu pour la grippe porcine, si ce virus H5N1 subissait une mutation sévère qui lui permette de se transmettre d’homme à homme, il serait dramatique d’avoir à attendre 10 ans (n’oublions pas qu’il est très virulent : près de 60% de mortalité des sujets atteints !)

Les instances européennes ont demandé aux industriels d’enregistrer le vaccin pour A(H5N1) dès que possible pour être prêt le jour où le virus aura muté en virus capable de déclencher une pandémie.